Page 72 - N42_janvier_Fevrier_2017
P. 72

Vie du métier

Une révolution majeure
La perle de Tahiti génétiquement modifiable ?

La recherche génétique sur les perles de Tahiti vient de franchir un
grand pas. Grâce à leurs recherches effectuées sur les fameuses
Pinctada margaritifera qui donnent les perles de Tahiti, des
chercheurs ont pu identifier la source de transmission génétique
des caractères qui donnent sa couleur à la perle.

                                                               des colorations particulières aux gemmes produites et pré-

                                                               sentent ainsi un réel potentiel pour le secteur. Il poursuit
                                                               « Notre objectif était d’étudier les lignées obtenues par
                                                               voie d’écloserie et la fréquence d’apparition, d’une géné-
                                                               ration à l’autre, des caractères qui nous intéressent.
                                                               Ainsi, nous avons pu déterminer les règles de transmis-
                                                               sion génétique de ces caractères, afin d’orienter la pro-
                                                               duction de perles de plus grande valeur. » Un modèle
                                                               permettant de prévoir l’aspect des perles récoltées en

                                                               fonction des caractéristiques des géniteurs utilisés a pu

                                                               ainsi être élaboré.

                                                               Sur le plan scientifique, ces travaux permettent de béné-
                                                               ficier d’une longueur d’avance car « Sur cette espèce
Ifremer/Y. Gueguen                                             d’huître perlière, nous sommes aujourd’hui les seuls à
                                                               maîtriser l’ensemble des étapes de l’élevage conduisant
Avec plus de 500 producteurs, 1300 emplois directs et          à la sélection génétique », souligne le chercheur. Ce qui
    une part représentant 70 % des exportations locales, la    se traduira en avantage concurrentiel appréciable pour la
perliculture est une activité essentielle à l’économie de la
Polynésie française. Elle constitue la seconde activité aqua-  perliculture française.
cole française (après l’ostréiculture) et la seconde source
de revenus du territoire polynésien derrière le tourisme.      Cette découverte majeure pourrait bien révolutionner un
Autant dire que l’enjeu est de taille et le centre Ifremer du
Pacifique à Tahiti y consacre d’importants moyens.             marché jusqu’ici balisé par ce que la nature peut donner.
La Pinctada margaritifera, également appelée huître per-
lière à lèvres noires, est présente en abondance dans les      Va-t-on voir arriver sur le marché des perles rouges ou
lagons polynésiens. « Avec l’aide d’un vaste réseau de
producteurs, nous collectons des huîtres présentant            bleues ? On sait que les mollusques à coquille rouge
des caractères biologiques peu communs : coquille
rouge, blanche ou chair orange », précise Chin-Long Ky,        donnent des perles aubergine. Pourra-t-on demain « com-
chercheur en génétique à l’Ifremer, alors que l’espèce est
habituellement noire. Utilisés en tant que donneurs de gref-   mander » la couleur de sa perle ? C’est du moins ce que
fon dans l’industrie perlière, ces spécimens transmettent      laisse entendre la publication parue dans la revue Animal
                                                               Genetics en juillet 2016.
                                                               Grâce à son savoir-faire zootechnique, l’Ifremer travaille en

                                                               appui à la filière et fournit déjà des solutions pour augmen-

                                                               ter la couleur et le lustre de la « perle de Tahiti », ouvrant

                                                               ainsi aux producteurs locaux des perspectives réjouissantes

                                                               vers une « perliculture moderne ».n 		  I.H.

70 - janv / fév 2017
   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77