Le fondateur et dirigeant de TGN 409 Jean Danielian annonce des projets à l’étranger où l’entreprise a séduit d’importantes entreprises désireuses de bénéficier de l’expertise de la joaillerie française.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Comment vont vos sociétés alors que le marché marque des signes d’essoufflement qui touchent aussi la joaillerie ?
JEAN DANIELIAN : Pour être sincère, c’est très compliqué. Nous faisons corps avec nos équipes et certains chefs d’entreprises amis pour passer ce cap. C’est aussi difficile mentalement que financièrement. Mais c’est la vie des entrepreneurs. En tout cas, louée soit l’énergie qui m’a insufflé l’idée de créer TGN 409 en 2019 car c’est elle qui nous ouvre de nouveaux marchés à l’international.
L’OHB : C’est-à-dire ?
J. DANIELIAN : J’ai signé des engagements de confidentialité mais je peux toutefois révéler que nous accompagnons plusieurs sociétés étrangères voulant se caler sur la haute joaillerie française.
L’OHB : Quel type de prestations allez-vous leur fournir ?
J. DANIELIAN : Le package complet : conseils, design, conception et industrialisation. Nous devons aussi récupérer une petite partie de leur production, ce qui pourra représenter une grande part de notre chiffre d’affaires. Notre mission est de développer pour eux toutes les nouvelles collections. Ils ont besoin de l’expertise française et c’est sur notre société que leur choix s’est porté.
L’OHB : Par quel levier ces entreprises étrangères ont eu connaissance de TGN 409 ?
J. DANIELIAN : Presse professionnelle, réseaux sociaux, mise en relation par des personnes qui connaissent notre potentiel, mais surtout, une présence indirecte dans les plus beaux salons internationaux via des marques en fort développement que nous accompagnons.
L’OHB : Comment envisagez-vous votre collaboration ?
J. DANIELIAN : Nous avons déjà des contrats signés avec deux clients… plus d’autres que nous tentons de finaliser, mais cela prend du temps. Pour le premier client, nous proposons des développements et la production qui va avec.
Pour le deuxième, nous avons à gérer en plus toute la partie créative ainsi que le développement pour une production joaillière en mode répétition. C’est une très grosse fabrique qui souhaite créer sa propre marque. Leur capacité financière est très importante et leur objectif est de constituer trois collections avec un total d’environ 120 références, allant du produit d’access à la masterpiece.
Notre mandat consiste à organiser la production de masse pour que celle-ci soit faite chez eux pour une grande partie. Cela inclut les développements, l’industrialisation et les dossiers techniques complets.
L’OHB : Ne craignez-vous pas de leur donner les secrets du métier et d’entrainer une fuite de savoir-faire ?
J. DANIELIAN : Si… mais parlons-en ! Où sont les Français actuellement ? Je suis un vrai patriote, mais comment pourrais-je refuser dans un contexte perturbé, un nouveau marché qui s’ouvre à moi ? Depuis 43 ans je mets toute mon énergie pour apprendre, construire, développer, former et servir.
Aujourd’hui, certaines personnes que je connais intimement ne daignent même pas répondre aux mails ou aux appels. Heureusement, il y a encore des gens bienveillants que je saurai remercier comme il se doit en temps voulu.
On pourrait penser que je suis suicidaire en tenant ces propos car je sais par avance que je vais m’attirer les foudres du métier et qu’on va me le faire payer, mais le danger pour moi serait de laisser piétiner ma dignité. Je n’accepterai jamais qu’on me fasse la morale. Ceux qui abandonnent leurs fidèles serviteurs n’ont pas de leçon à donner.
L’OHB : Vous êtes vraiment en colère ?
J. DANIELIAN : Absolument. Tous mes copains sous-traitants le sont aussi, même s’ils ne l’expriment pas ouvertement. On a voulu importer les règles de l’automobile dans un métier artisanal.
Certaines actions étaient absolument nécessaires, mais comme toujours, les dérives bureaucratiques ainsi que les jeux politiques se sont invités au programme et sont en train de tuer un des fleurons nationaux. On est en plein délire. Toute une vie d’efforts pour ça.
L’OHB : Malgré cela vous avez encore de nouveaux projets pour TGN 409 et DJ Serti…
J. DANIELIAN : Oui car nous sommes des passionnés. En parallèle de nos engagements, nous sommes sur plusieurs projets iconiques dont les bracelets Tennis, les solitaires et les alliances. Nous sommes en train de développer des gammes qui nous permettront de fournir une qualité française à des prix très compétitifs. Mais j’en parlerai le moment venu.
L’OHB : Quel sera votre dernier mot pour cet entretien ?
J. DANIELIAN : J’ai toujours cherché à être fidèle à mes valeurs humaines. Ceci, je pense, légitimise ma prise de parole. Elle ne sera pas comprise par tout le monde et beaucoup seront agacés par mes sautes d’humeurs, mais le juste gagne toujours à la fin.
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