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La société suisse ORIGYN a mis au point une technologie de certification numérique capable d’authentifier les produits de luxe en quelques instants.

La technologie d’ORIGYN permet d’identifier une montre à l’aide d’une application pour smartphone classique. Pour la toute première fois, un objet représente sa propre identité, son unicité, par le biais de sa biométrie. L’OHB a interviewé Vincent Perriard, le co-fondateur d’ORIGYN.

L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Pourquoi avoir lancé ORIGYN ?

V. P : Dans notre équipe, nous sommes un mélange d’anciens CEO de marques horlogères, de spécialistes de la crypto-monnaie et de la blockchain. Personnellement, je suis dans l’horlogerie depuis 25 ans et j’ai travaillé sur de nombreux projets anti-contrefaçon. D’ailleurs, celle-ci concerne 40 000 000 montres par an. C’est devenu un sujet majeur, d’autant plus qu’il arrive environ 1 600 000 superfakes sur le marché chaque année, très difficiles à détecter. Parallèlement, le marché secondaire des CPO (Certified Pre-Owned) s’est beaucoup développé, y compris dans le très haut de gamme. Il pèse aujourd’hui entre 17 et 25 milliards de CHF (source FHH), c’est-à-dire plus que le marché primaire. La garantie sur l’authenticité est donc cruciale. Depuis 20 ans, parmi les différents systèmes étudiés en horlogerie, joaillerie ou maroquinerie (puces RFID, dépôt sur la surface, etc.) aucun n’est parfaitement fi able.

L’OHB : Qu’apportez-vous de nouveau ?

V. P : Aujourd’hui, vous devez posséder un certificat format papier ou carte de crédit qui correspond, en principe, à votre montre mais ne le garantit pas à 100 %. Même la blockchain, présentée comme une révolution, a ses limites. Si la technologie est effectivement inviolable, elle dépend de la fiabilité des informations que vous y mettez. Avec notre technologie, la montre devient sa propre preuve d’authenticité et cela ne peut passer que par l’image.

Celle-ci mémorise jusqu’à 10 000 points et rentre au millionième dans la structure de la montre pour analyser le moindre détail de la boîte et du mouvement. Même si certains composants sont robotisés, ils ne seront jamais parfaitement identiques. Mais surtout, elle permet au client de se passer de l’intervention d’un professionnel qui utilisera un scanner ou un laser, solutions coûteuses.

Avec ORIGYN, la marque génère un « clone numérique » de chaque montre dès sa production. Le client n’aura plus qu’à la scanner via une application sur son téléphone pour établir son authenticité, un peu comme vous le feriez avec Shazam et la musique, sans l’aide d’un code-barres, d’une micropuce, d’une gravure ou de tout autre intermédiaire. Il y a 5,2 milliards de téléphones portables dans le monde actuellement, ce qui permet une utilisation optimale de notre technologie. Elle sera disponible pour le grand public courant 2021.

L’OHB : Qu’en est-il des montres vintage dont on aurait changé un élément ?

V. P : Il faudra repasser par la boutique de la marque pour mettre à jour la photographie de la montre. Cela permettra aussi aux marques de contrôler le circuit de vie de leurs produits. Avec notre technologie, elles peuvent suivre leurs clients, renouer un contact avec eux, créer de la data, faire découvrir leurs nouvelles collections, etc. Autre avantage, si la montre est volée et le vol déclaré par le propriétaire, ce sera signalé par l’application. Beaucoup d’informations pourront se rajouter, nous y réfléchissons.

L’OHB : Avez-vous déjà des partenariats avec certaines Maisons ?

V. P : Oui, nous avons signé des accords mais cela est encore confidentiel. Les impacts de notre technologie sont d’ordre marketing, industriel, stratégique. Les interactions avec la production sont importantes et nous devons affi ner notre approche en fonction de ces impératifs. ORIGYN est une organisation à but non lucratif, notre objectif est de partager notre technologie avec tous les acteurs de l’horlogerie. Nous avons besoin de les fédérer autour de notre projet pour optimiser notre offre.

L’OHB : Quels sont vos projets ?

V. P : Nous sommes en discussion avec trois secteurs du luxe : l’horlogerie, la bijouterie et l’art. Concernant les bijoux, quand vous photographiez un diamant, chaque détail à l’intérieur de la pierre sera enregistré, l’échange frauduleux de la pierre lors d’une réparation ou d’une cession deviendra impossible. Nous allons aussi ajouter de nouvelles technologies. En horlogerie, nous pourrons enregistrer la fréquence d’un mouvement mécanique, un peu comme un battement de cœur. Celui-ci est propre à chaque montre comme un ADN, un iris ou une empreinte digitale. Donc nous pouvons imaginer demain une technologie qui sera basée sur l’imagerie mais aussi sur le son ou d’autres données qui permettront une signature unique au monde. I.H.

www.origyn.ch