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Le prix Jacques Lenfant récompense les meilleurs talents dans les métiers de l’orfèvrerie et de la bijouterie. L’Officiel HB a interviewé Philippe Scordia, Directeur Haute Joaillerie de la Maison Christian Dior et président du jury du Prix depuis 15 ans.
L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Qu’apporte le prix Jacques Lenfant aux jeunes qui l’obtiennent ?

Philippe Scordia : C’est un apport très important dans leur CV, un peu comme s’ils étaient nommés Meilleur Ouvrier de France. En tant que président du jury, je me suis toujours attaché à ce que les meilleurs de la profession fassent partie du jury, ce qui valorise le Prix.

L’OHB : Comment sont sélectionnés les candidats en amont ?

P. S cordia : En début d’année, le styliste propose des dessins puis transformera en gouaché à l’échelle 1 celui qui sera retenu par le jury. Nous nous attachons à ce que la pièce ne soit pas trop complexe. Elle ne doit pas représenter plus de 50 heures de travail environ pour les candidats. Un cahier des charges définit les besoins en gemmes et en métal pour cette pièce imposée. Le métal est fourni par notre partenaire COOKSON-CLAL. Une fois le dessin choisi, un dossier est envoyé aux 9 chefs d’établissements qui enseignent la bijouterie et l’orfèvrerie (une seule École enseigne l’orfèvrerie en France). Il est important de savoir que le concours sanctionne un savoir-faire et non la créativité. Les candidats doivent surmonter des difficultés techniques avant tout. Pour le bijou, ils nous livreront un dossier technique et ensuite la pièce non sertie, juste émerisée. En orfèvrerie, ils doivent terminer la pièce bien sûr.

L’OHB : Quelles sont les étapes les plus difficiles pour eux ?

P. S cordia : Les candidats trouvent souvent que les pièces sont complexes à réaliser. D’ailleurs, il y a chaque année 1 ou 2 élèves qui décrochent. La difficulté perçue dépend aussi du niveau des lycées, qui n’est pas le même partout. La BJOP, l’Institut de Bijouterie de Saumur ou celui d’Amblard à Valence, l’École Tané à Ploërmel sont sans doute les meilleurs en France. À la BJOP, nous pouvons leur ouvrir facilement l’accès aux ateliers, ce qui est un avantage.

L’OHB : Comment s’organise la délibération du jury ?

P. S cordia : L’UFBJOP reçoit les pièces et celles-ci restent sous embargo jusqu’au jour où le jury se réunit pour attribuer les notes. Les meilleures sortent du lot immédiatement, je dirais au premier coup d’oeil mais nous avons parfois des points de vue différents entre orfèvres et joailliers, chacun défendant un savoir- faire qui lui est propre. Il y a en général un lauréat et 1 ou 2 accessits. L’avis du jury est rendu de façon très précise, chaque point négatif ou positif est noté, ce qui permet d’expliquer exactement la raison de nos choix. Une précision importante : le jury se réunit sans connaître les noms des candidats ni l’école dont ils viennent. Par ailleurs, il y a un roulement des membres tous les 2 ans. Le jury se compose de 2 joailliers, 1 orfèvre, 1 sertisseur, 1 polisseur, 1 diamantaire, 1 lapidaire, 1 directeur technique et 1 styliste qui dessinera la pièce imposée pour le concours.

L’OHB : Pouvons-nous faire un point sur les métiers en tension dans le métier ?

P. S cordia : Nous manquons surtout de polisseurs, de sertisseurs, de bons joailliers et de contrôleurs qualité. Il y a une forte croissance de la demande en ce moment, les ateliers sont très chargés. Les formations de la BJOP voient affluer 3 fois plus de candidats qu’elle ne peut en recevoir, en particulier en formation professionnelle ou en apprentissage. Il y a aussi des personnes en reconversion qui viennent d’autres horizons. Le métier attire et travailler sur la joaillerie des grandes Maisons est une perspective séduisante mais nous mettons évidemment un filtre à l’entrée pour éviter les candidatures inadaptées. Toutefois, une fois intégrés, les jeunes qui ont du talent évoluent vite vers des savoir- faire plus intéressants et mieux payés. Obtenir le Prix Jacques Lenfant demande des compétences multiples et Philippe Scordia tient à maintenir une exigence élevée pour ce concours. La profession a besoin de cette excellence, garante de la réputation d’un savoir-faire joaillier français mondialement reconnu. I.H.

www.union-bjop.com/lancement-de-ledition-2023-du-prix-national-jacques-lenfant