Atteignant des sommets historiques, les prix de l’or impactent profondément le secteur de la bijouterie. Face à des coûts de production en constante augmentation, les fabricants déploient des stratégies pour continuer à proposer des bijoux de qualité à des prix maîtrisés.
Son prix a connu une augmentation remarquable de 36 % en 2024 : l’or, dont le cours flambe depuis plusieurs années, atteint aujourd’hui des niveaux records. Un phénomène qui impacte fortement le secteur de la bijouterie et de la joaillerie : la demande mondiale de l’or dans ce secteur a fléchi de 11 % en volume pendant l’année 2024, passant à 1 877 tonnes contre 2 110 tonnes en 2023, selon le Conseil mondial de l’or (CMO).
Les achats de bijoux en or ont, eux aussi, nettement baissé pour atteindre leur niveau le plus bas depuis 15 ans. Si les consommateurs achètent moins de bijoux en or, le montant de leurs dépenses a augmenté de 9 % au niveau mondial pour atteindre 144 milliards de dollars en 2024, un record absolu selon le CMO.
Les bijoux de mariage, en particulier les alliances dans lesquelles la matière peut représenter autour de 90 % du prix, sont particulièrement concernés par cette problématique. Face à cette situation, les bijoutiers développent de nouvelles stratégies pour relever un défi essentiel pour le secteur : continuer à proposer des bijoux de qualité, attractifs, à des prix maîtrisés.
L’or recyclé et l’optimisation des matériaux
Sous l’effet de cette hausse des prix mais aussi d’une prise de conscience croissante des enjeux écologiques et environnementaux, le marché de l’or recyclé connaît une transformation significative et les fabricants sont de plus en plus nombreux à y avoir recours. C’est parfois même un argument de vente auprès de clients soucieux d’acheter de manière plus éthique.
Implantée à Sélestat et fière de son label « Fabriqué en Alsace », la bijouterie Bermo a ainsi fait le choix fort d’utiliser de l’or recyclé, 100 % traçable. De leur côté, les ateliers optimisent l’utilisation des matériaux. « Nous avons intensifié nos efforts pour réduire le gaspillage », confirme la responsable d’une maison de création.
Des bijoux plus légers en or sans céder à la qualité
Certains fabricants se sont tournés vers l’or 14 carats ou 9 carats. Un choix que ne souhaitent cependant pas faire nombre d’artisans qui ont à cœur de préserver la qualité de leur production. L’Atelier Ponce a ainsi créé Jules et Louise il y a dix ans afin d’offrir une collection de bijoux de mariage plus accessibles, plus légers, tout en gardant les mêmes exigences de qualité.
« Nous ne travaillons que l’or 18 carats, le seul à garantir une réelle qualité et durabilité dans le temps, précise Sébastien Lemaire, responsable commercial et marketing de l’Atelier Ponce. Mais nous avons revu le poids en or de nos alliances afin de proposer des bijoux qui restent abordables ».
Pour sa part, Lyon Alliances Brillants (L.A.B.), spécialiste de l’alliance forgée à la main, revendique de maintenir un poids en or minimal pour ses créations : « nous avons fait le choix de favoriser un apport d’or optimal sur nos montures, qui sont donc un peu plus lourdes et un petit peu plus chères que la moyenne mais bien plus robustes, et avec un très faible taux de SAV et un très bon rapport qualité/prix », explique Sébastien Jacquot, président de L.A.B.
Des métaux alternatifs
Le recours à d’autres métaux que l’or constitue une autre stratégie d’adaptation. Le platine, en particulier, a connu un véritable engouement en 2025. À l’Atelier Ponce, pionnier dans l’offre d’alliances en platine, pur à 95%, Sébastien Lemaire voit dans ce métal une alternative idéale à l’or : « de nombreux bijoutiers ainsi que leurs clients se sont tournés vers ce métal d’exception qui est un matériau noble aux propriétés remarquables et aux nombreuses qualités, avec en particulier une blancheur naturelle immuable dans le temps », explique-t-il. L.A.B., de son côté, a intégré dans ses collections le palladium 500. « C’est une alternative élégante à l’or blanc, idéale pour les alliances masculines », précise Sébastien Jacquot.
Le défi majeur que constitue la montée des prix de l’or ouvre assurément la voie à l’innovation. En s’organisant autour de stratégies d’optimisation, de diversification des matériaux et d’engagement en faveur de la durabilité, les acteurs du marché parviennent à naviguer dans un environnement économique complexe. Leur capacité d’adaptation et de créativité sera déterminante dans un secteur en constante évolution.
V.H.




