Page 102 - L'OFFICIEL HB Septemebre-Octobre 2021
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DÉCRYPTAGE
JEAN-LUC BUQUET,
MÉMOIRE D’UN JOAILLIER
Installé à Rouen en 1976, bijoutier-joaillier depuis plus de 45 ans, Jean-Luc Buquet
est un « ancien » Meilleur Ouvrier de France, amoureux de belles pièces et de
l’époque où l’on « regardait un bijou comme un tableau ». L’OHB l’a interviewé.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Est-ce
la passion du métier qui vous a
amené à passer le concours des
Meilleurs Ouvriers de France ?
JEAN LUC BUQUET : J’ai passé le concours
un peu par mimétisme, tous mes
anciens patrons étaient MOF et j’ai
voulu suivre leurs traces. Je pen-
sais que cela m’aiderait dans ma
profession mais en fait, je n’ai pas
vraiment eu de retombées. En re-
vanche, j’ai toujours eu une belle
clientèle, je n’ai pas à me plaindre.
J’ai vu des générations défiler, les
familles m’étaient fidèles, elles sa-
vaient que chez moi, elles trouve-
raient toujours la qualité car je crée
moi-même tous mes bijoux.
Création Jean-Luc Buquet. © Laurent Lagneau
Création Jean-Luc Buquet pour le concours des Meilleurs Ouvriers de France.
L’OHB : La clientèle a-t-elle évolué © Laurent Lagneau
à travers les années ?
JÇL. BUQUET : Les clients n’ont plus le
même amour de l’objet. Ils pré-
fèrent les voyages, les restaurants,
les sorties plus que les beaux objets
qui perdurent, comme les bijoux.
Notre profession en est impactée et
aujourd’hui, elle se diversifie et im-
porte de plus en plus. La France a
perdu sa belle image de guide dans
la créativité qui était si appréciée à
l’étranger. Il n’y a plus la démarche
de créer quelque chose d’unique
pour une personne, de faire du
sur-mesure répondant à la per-
sonnalité et au désir du client, c’est
dommage. J’ai connu des gens qui
achetaient un bijou comme
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