Technique historique toujours d’actualité, le procédé Verneuil s’impose comme une méthode clé pour produire des pierres de synthèse d’une grande précision. Longtemps discutée en joaillerie, elle trouve en horlogerie une place essentielle, du mouvement à la glace saphir.
Connaissez-vous le procédé de synthèse par fusion à la flamme avec chalumeau oxhydrique ? Peut-être que l’expression « procédé Verneuil » vous est plus familière ? Nommée en l’honneur de Auguste Verneuil, qui l’a mise au point en 1891, cette méthode est la plus utilisée pour créer des pierres de synthèse, soit des pierres possédant les mêmes propriétés physiques, chimiques et optiques que les gemmes qu’elles imitent.
En joaillerie, le procédé est souvent associé aux tentatives de fraudes : les synthèses « Verneuil » visent à se substituer principalement aux corindons (saphirs et rubis) et aux spinelles. Cependant, en horlogerie, ces synthèses ne revêtent pas cet aspect péjoratif. Au contraire, elles se sont imposées comme un matériau de choix.
Le principe est relativement simple : de la poudre d’alumine est fondue au moyen d’un chalumeau oxhydrique à très haute température, puis déposée goutte à goutte sur un germe cristallin, ce qui permet la croissance d’un monocristal de corindon synthétique. Le résultat ? Une pierre dont la dureté atteint la valeur de 9 sur l’échelle de Mohs — presque aussi dure que le diamant — et dotée d’une grande stabilité dimensionnelle et chimique. En horlogerie, cette dureté est un atout majeur pour résister à l’usure, aux frottements et à la corrosion.
Mouvement mécanique
Dans le cadre d’un mouvement mécanique, ces pierres de synthèse sont employées sous forme de minuscules vis ou paliers, chassés dans les platines et ponts des calibres. Elles assurent un support extrêmement précis pour les pivots des roues et du balancier, minimisant les frictions, stabilisant les vibrations et contribuant à la longévité du mécanisme. Au-delà des composants internes, le procédé Verneuil entre également dans la fabrication des glaces de montre : des glaces en saphir synthétique transparent, placées au-dessus du cadran ou en fond de boîte, offrant ainsi non seulement une résistance exceptionnelle aux rayures, mais aussi une visibilité directe sur le « cœur » de la montre.
Ainsi, ce qui pouvait être perçu comme un simple substitut de pierres précieuses en joaillerie devient, dans le secteur horloger, un matériau stratégique. Le procédé Verneuil offre aux fabricants et aux horlogers un niveau de fiabilité, de reproduction et de standardisation qu’aucune gemme naturelle ne peut garantir. En adoptant cette technologie, l’industrie horlogère prouve que la science de la pierre dépasse le simple éclat pour se mettre au service de la mécanique, de la précision et de la durée.
L.B.





