À la tête de la bijouterie-horlogerie Jean Thiébaud & Fils à Epernay, Philippe Thiébaud fait depuis longtemps appel aux services de réparations horlogères de la maison Bianchi. Il explique en quoi cette collaboration est intéressante pour son activité.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Comment avez-vous connu la maison Bianchi ?
PHILIPPE THIEBAUD : J’ai connu Pierre Bianchi, le fondateur, à l’école d’horlogerie de Morteau au début des années 70. Il a ensuite créé sa maison, avec une forte spécialisation horlogère, tandis que moi j’ai repris les rênes de la bijouterie-horlogerie que ma famille dirigeait à Epernay depuis trois générations.
Nous y proposons de grandes marques de bijoux et de montres ainsi que des créations joaillières et un service de réparation de montres. Toutefois certaines réparations, que ce soit sur des pièces anciennes ou modernes, nécessitent des compétences et du matériel que nous n’avons pas en tant que détaillant.
C’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers Pierre Bianchi. Et aujourd’hui c’est avec son fils Alexandre que je travaille.
L’OHB : Que représente pour votre commerce ce service de réparations très pointues ? Que vous apporte-t-il ?
P. THIEBAUD : C’est un vrai atout. Cela nous amène de nouveaux clients car nous sommes aujourd’hui les seuls dans la région à accepter de prendre en charge toutes les réparations horlogères. Ce qui est possible grâce à la maison Bianchi qui répare, restaure et peut même recréer des pièces si besoin.
En plus, avec ce type de prestations, il n’est pas rare que se tisse un lien particulier avec les clients. Quand une personne nous apporte une montre cassée ou abimée qui a parfois une valeur sentimentale et que nous la lui rendons en état de marche et joliment restaurée, cette personne nous en est très reconnaissante.
Il y a alors un attachement qui se crée. Elle reviendra vers nous avec confiance et plaisir. Le fait de pouvoir répondre aux différentes demandes de réparations et de restaurations permet donc à la fois de fidéliser les clients et de rayonner au-delà de notre zone naturelle de chalandise. D’autant que le bouche-à-oreille est excellent.
L’OHB : Comment se déroulent les prestations avec la maison Bianchi ?
P. THIEBAUD : Lorsqu’un client m’apporte une pièce horlogère, j’effectue un diagnostic. Parfois je suis en mesure de réparer… parfois non. Je sollicite alors la maison Bianchi en lui expliquant le problème. Je lui envoie une petite vidéo ou des photos pour qu’elle puisse me faire un devis : je le reçois en général sous 48 h.
Si le client l’accepte, j’apporte moi-même la pièce chez Bianchi… mais je pourrai aussi bien l’envoyer. A partir de là, selon le travail à réaliser, il faut compter entre 8 jours et 8 semaines pour pouvoir récupérer le bien.
L’OHB : À quelle fréquence travaillez-vous avec la maison Bianchi ?
P. THIEBAUD : Je leur confie environ 8 pièces par mois dont 30 % sont anciennes. Aujourd’hui avec les difficultés du marché et le ralentissement des ventes, les réparations constituent un support d’activités qu’il ne faut pas négliger.
L’OHB : Quels exemples concrets de prestations pouvez-vous donner ?
P. THIEBAUD : Il y a peu de temps, j’ai fait réparer une montre homme récente de la marque Rado et une autre des années 50 de la marque Breitling. Il y a un peu plus longtemps j’avais fait restaurer une très belle pendule Jaegger-Lecoultre des années 1960.
Un autre exemple encore concerne la remise en état de marche d’une montre de poche en or du XVIIe siècle pour laquelle il a fallu revoir tout le mécanisme fusée-chaine. Ce fut un chantier assez long mais depuis la montre marche à merveille.
L’OHB : Y a-t-il, en ce qui vous concerne, des solutions alternatives aux services de Bianchi ?
P. THIEBAUD : À ce niveau de compétences, il n’y a que lui. La seule autre solution serait de nous tourner vers les marques fabricantes. Mais c’est devenu très compliqué : leurs tarifs sont souvent prohibitifs et leurs délais décourageants. La maison Bianchi, avec une offre et une qualité de services irréprochable, constitue un partenaire intéressant pour un bijoutier-horloger désireux de satisfaire une clientèle exigente.
Expertise : Faire revivre une montre du XVIIe
Hoël Dassé, chef d’atelier du département horlogerie au sein de la maison Bianchi, revient sur la réparation-restauration d’une montre du XVIIe siècle et en révèle toute la complexité. Un travail unique.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Philippe Thiébaud évoque la réparation d’une montre du XVIIe siècle. En quoi ce chantier a-t-il été exceptionnel ?
HOEL DASSE : On était face à une pièce historique unique, avec très peu d’éléments à notre disposition pour opérer la restauration. Il y a donc eu tout un travail de recherche préalable pour pouvoir recréer des pièces et réparer la montre dans le respect des techniques et des matériaux du XVIIe.
Son fonctionnement reposait sur un mécanisme d’échappement à fusée mais la fusée était fendue en deux. Il a donc fallu resouder… mais, comme la pièce était en laiton et acier, cette opération était très délicate à faire car l’alliage est peu stable. Parallèlement il a fallu refaire le foliot dont les dents étaient usées. Là aussi le travail a été très délicat car ces dents sont inclinées et très fines, les plus épaisses mesurant 1 mm.
L’OHB : Quels sont les atouts de Bianchi pour réaliser de tels travaux ?
H. D ASSE : Notre atelier d’horlogerie dispose d’un équipement exceptionnel avec un parc d’environ 50 machines, dont certaines très anciennes, mais toujours en fonctionnement, et d’autres très récentes. En outre nous pouvons faire appel à l’atelier joaillerie de notre maison pour des opérations relevant davantage de la bijouterie que de l’horlogerie.
Sur les pièces anciennes, c’est important : je pense par exemple au sertissage de saphirs ou à des soudures fines au laser, comme dans le cas de la montre. En plus notre organisation nous permet de refaire des pièces à l’unité. C’est un vrai luxe !
C.N.
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