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HORLOGERIE : QUELS SONT LES MÉTIERS D’AVENIR ? RÉPONSES D’UN EXPERT
4000 miroirs alimentent le four solaire de PANATERE

HORLOGERIE : QUELS SONT LES MÉTIERS D’AVENIR ? RÉPONSES D’UN EXPERT

Kalust Zorik est consultant, fondateur des Journées Internationales du Marketing Horloger, qui existent depuis 24 ans, et co-fondateur de la Maison Kerbedanz. Il anime des journées de recherche auxquelles participent des chercheurs internationaux et siège au conseil d’administration de plusieurs entreprises du secteur horloger. L’OHB l’a interviewé sur les métiers d’avenir.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Quels sont les métiers en tension actuellement en horlogerie ?

KALUST ZORIK : Nous avons du mal à trouver de bons experts dans les métiers d’art autour du travail du cadran tout d’abord. L’anglage, qui concerne les composants du mouvement, le cadran et la boîte, est un métier complexe car tout se fait à la main. Ensuite, il y a la gravure, le guillochage (ou micro-sculpture), réalisés manuellement ou avec des outils très sophistiqués ou encore le polissage, par lequel on transforme le métal en miroir. Cela demande une grande dextérité. L’émaillage et la marqueterie, également très demandés, sont des expertises rares que nous essayons de conserver. Tous ces métiers d’art ont un réel avenir. Ils ne s’apprennent vraiment que par transmission, la formation ne suffit pas car il y a énormément de « secrets » qui ne s’apprennent pas à l’École.

L’OHB : Les nouvelles matières rendent-elles ces métiers plus complexes ? Le saphir en fait-il partie ?

KALUST ZORIK : Là, nous sommes dans un métier industriel. La fabrication du saphir a beaucoup évolué depuis celui qui était fabriqué avec la méthode Verneuil. Les horlogers ont voulu un saphir de plus en plus transparent, quasiment de qualité optique, presque sans inclusion et qui puisse être usiné pour avoir de nouvelles formes. Une dizaine de sociétés se sont spécialisées dans ce domaine et sont capables de les polir et de les graver. C’est du haut artisanat. Les machines mises en place pour scier et polir le saphir avec grande précision permettent au designer d’explorer de nouvelles voies. La technologie est très intimement liée à l’art horloger finalement. Le paysan à l’époque fabriquait lui-même ses outils, c’est encore un peu le principe aujourd’hui.

L’OHB : La formation passe-t-elle par des écoles d’ingénieur ?

KALUST ZORIK : En partie oui mais le grand secret se trouve dans les entreprises qui ont une connaissance approfondie de la matière comme dans le cas du saphir par exemple. En Suisse, nous vivons dans un écosystème atomisé, c’est-à-dire que dans l’arc jurassien, sur 150 kms et jusqu’à Besançon, vous trouverez toutes les compétences nécessaires.

L’OHB : Comment arrivent les nouvelles matières sur le marché de l’horlogerie ?

KALUST ZORIK : Petit retour en arrière. Après l’arrivée du quartz dans les années 70, qui a décimé l’horlogerie suisse, Swatch a contribué à relancer l’horlogerie suisse avec sa montre en plastique à 50 € fabriquée sur une chaîne automatique ! Ensuite, ce sont les avancées successives qui ont donné à l’horlogerie suisse ses lettres de noblesse. Richard Mille a innové avec la montre squelette à la fin des années 80, dont les composants devenaient apparents et devaient donc être très travaillés. Hublot, en introduisant des matériaux très techniques jusqu’alors très peu utilisés en horlogerie, a beaucoup contribué à l’innovation. Céramique, kevlar, tantale, titane, carbone… sont devenus très à la mode. Aujourd’hui, le carbone, le titane et la céramique évoluent (choix de couleurs, de traitements de surface) sous l’impulsion des nouvelles propositions des fournisseurs. Mais parallèlement, les métiers d’art traditionnels deviennent de plus en plus prisés (émaillage, micro-gravure…).

L’OHB : Dans cette évolution, quelle est la part de la Responsabilité ?

KALUST ZORIK : Pour les matières, on voit arriver des choses étonnantes, comme la peau de saumon ou les pelures de pommes pour les bracelets de montres… C’est un début mais cette tendance va évoluer et se perfectionner. Pour les méthodes, les fournisseurs proposent des innovations. C’est le cas de PANATERE, qui fournit de l’acier recyclé de haute qualité à l’horlogerie et commence à se pencher sur le titane. C’est une approche écoresponsable(1). L’or et les pierres précieuses éthiques en font également partie. On s’intéresse aussi à l’impression 3D des métaux, mais elle reste limitée aux pièces haut de gamme pour le moment et la finition des pièces reste encore trop imprécise alors que l’aspect de surface est primordial en horlogerie. J’ai créé une nouvelle dénomination, la co-traitance, avec une interactivité beaucoup plus efficace. Dans ce cas-là, la collaboration technique entre le client et le fournisseur apporte une réelle innovation.

L’OHB : Quels sont les métiers en tension aujourd’hui ou dans un futur proche ?

KALUST ZORIK : la construction mécanique, concernant la conception et le dessin des montres, les opérateurs CNC (machines d’usinage), et à l’autre extrême, les artisans d’art. Côté marketing, la transformation digitale et la blockchain sont un changement majeur, qui permet au client d’être en prise directe avec le suivi de sa montre. Arianee est en pointe sur le sujet. La présentation à distance des pièces d’horlogerie complexes induit aussi une plus grande précision dans la technique. La visualisation des détails est importante et il y encore une marge de progrès. Dans tous les secteurs, l’habillage, le design, la construction, les matériaux… de nouveaux métiers se créent. Nous avons à Neuchâtel le CSEM (Centre Suisse d’Electronique et de Micromécanique) qui fait beaucoup de recherches pour les grands groupes sur les technologies d’avenir. I.H.

www.marketinghorloger.ch