Généralement connu pour sa couleur bleue, le saphir existe dans de nombreuses teintes : rose, vert, jaune, violet… avec parfois des spécimens étoilés très appréciés des joailliers créateurs. Didier Frediani, gemmologue et négociant, évoque les atouts de cette gemme.
L’OFFICIEL HORLOGERIE & BIJOUTERIE : Vous vous apprêtez à partir pour un voyage d’achat, notamment au Sri Lanka, pays réputé pour les saphirs. Quelles sont leurs particularités ?
DIDIER FREDIANI : Nous voyageons depuis plus de 35 ans au Sri Lanka, car c’est un pays riche en pierres diverses et variées comme les grenats, les tourmalines, les zircons, les spinelles et bien sûr les saphirs. L’intérêt des saphirs Sri-lankais réside dans la diversité de couleurs : le bleu bien sûr, mais aussi le rose, le violet, le vert, le jaune…
Toutes ces nuances se créent naturellement lors de la formation des cristaux, en raison de la présence d’éléments chromogènes. Par exemple le fer et le titane donneront du bleu, le manganèse du rose et du violet, le chrome du rouge et, dans ce cas, la pierre s’appellera rubis…
Cette grande variété de couleurs se retrouve également à Madagascar et en Tanzanie. Mais le Sri Lanka donne aussi des saphirs étoilés qui sont très appréciés par les joailliers créateurs. Cette particularité optique est liée à la présence d’inclusions d’aiguilles de rutiles qui font apparaître sur les cabochons une étoile à 6 ou 12 branches sous la lumière.
L’OHB : Les saphirs du Sri Lanka sont aussi réputés pour leur qualité…
D. FREDIANI : L’origine n’est pas un critère de qualité ! Dans tous les pays producteurs il y a des belles pierres et des pierres de qualité plus communes. Il faut apprécier une pierre sur des critères objectifs, à savoir sa forme, sa couleur, ses inclusions et surtout son éclat qui dépend de sa taille et de sa pureté.
L’OHB : Vous évoquiez la richesse chromatique du saphir. Quelles sont les teintes les plus prisées aujourd’hui ?
D. FREDIANI : Le saphir bleu est de loin la couleur la plus demandée car c’est la plus connue des consommateurs. En deuxième position on trouve le rose. Le saphir Padparadscha, avec ses nuances orangée-rosée, est aussi une pierre recherchée par les collectionneurs, mais sa rareté influe sur les prix !
Depuis quelques années, les saphirs verts à bleu/vert, nommés « saphir teal », ont également le vent en poupe. Auparavant délaissées, ces teintes ont vu leurs prix s’envoler face à la demande. À l’inverse, les saphirs jaunes, oranges et même violets sont moins demandés.
L’OHB : Quels sont les grands gisements de saphirs, hormis le Sri Lanka ?
D. FREDIANI : Dans le passé, il y a eu les mythiques saphirs du Cachemire mais les gisements sont aujourd’hui épuisés. Actuellement les grands pays producteurs sont le Sri Lanka et Madagascar avec une palette de couleurs très étendue.
Il y a aussi la Thaïlande, avec les saphirs bleus de Kanchanaburi, le Vietnam et le Myanmar avec la région de Mogok, ainsi que l’Australie qui produit des saphirs bleu vert à jaunes. Des nouveaux gisements apparaissent aussi en Afrique de l’est, de l’Éthiopie à la Tanzanie. Et on peut même ajouter les saphirs français que l’on trouve en Auvergne !
L’OHB : Oui, les médias français ont récemment évoqué des saphirs en Auvergne ! Sont-ils intéressants pour la bijouterie ?
D. FREDIANI : On sait depuis longtemps qu’il y a des saphirs dans certaines rivières de cette région volcanique. Ce sont des pierres dont les couleurs varient du bleu au vert, qui sont plutôt foncées et généralement petites. Mais nous avons récemment acheté quelques spécimens intéressants de 2 à 3 carats, exploités artisanalement par des passionnés et taillés en France.
Ces pierres ont les qualités nécessaires pour être utilisées par les créateurs pour réaliser des bijoux 100 % français. La traçabilité de ces pierres peut être facilement prouvée dès lors que l’on se fournit auprès de chercheurs qui ont les autorisations nécessaires et qui, ensuite, taillent ou font tailler en atelier.
L’OHB : Le saphir est une pierre très appréciée en bijouterie-joaillerie. Quelle est l’évolution moyenne des prix ?
D. FREDIANI : Les saphirs bleus font partie des pierres les plus vendues, avec le diamant et l’émeraude. Comme la demande ne cesse de croître, les prix augmentent régulièrement. En outre, de plus en plus de clients recherchent des saphirs naturels et acceptent de payer des prix plus élevés que ceux des saphirs chauffés majoritairement présents sur le marché.
L’OHB : Quelle place occupe le saphir dans la création joaillière aujourd’hui ?
D. FREDIANI : Le saphir est une pierre très demandée par les bijoutiers créateurs car l’offre est abondante et la diversité de couleur stimule leur créativité. De plus, grâce à sa dureté de 9 sur l’échelle de Mohs, le saphir est une pierre très résistante, idéale pour réaliser des bijoux précieux et durables. C.N.
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