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L’invasion de l’Ukraine par la Russie, premier producteur de diamants en volume, préoccupe l’industrie diamantaire et par suite l’ensemble de la filière HBJO. Le point sur la situation et sur la production de diamants dans le monde.

Depuis plus de dix ans, la Russie est le plus gros fournisseur mondial de diamants, avec 29 % de la production, issus notamment de ses mines d’Oudatchnaïa et de Mir, au nord-est de la Sibérie. Dominant ce marché, Alrosa extrait à elle seule près de 90 % de ces pierres, soit entre 25 et 30 millions de carats par an (source Kimberley Process). Or Alrosa, qui exploite aussi des mines en Afrique, notamment en Angola et en Centrafrique, est détenue à 33 % par l’État russe. Une situation qui, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février, est devenue problématique pour l’industrie diamantaire. Car aujourd’hui les diamants d’Alrosa sont associés au financement d’une guerre brutale contre un pays.

Préoccupations éthiques

En déclarant récemment : « la paix est plus précieuse que les diamants », le président ukrainien Volodymyr Zelensky renvoyait les professionnels à leurs responsabilités et appelait à la mise en place de nouvelles sanctions. Certes, à ce jour, les banques russes ont été évincées du principal système de paiement international SWIFT, complexifiant ainsi les transactions. Et, aux États-Unis, le gouvernement a interdit les importations de bruts russes et de pierres russes taillées dans le pays même. Mais pas celles des pierres taillées à l’étranger, ce qui représente la majorité de l’offre puisque le brut est, pour une grande partie, « transformé » en Inde et à Anvers.

In fine, deux mois après l’offensive contre l’Ukraine, aucun pays n’avait délivré d’interdiction totale sur les diamants d’origine russe.

Au sein de l’industrie diamantaire, la guerre a bien sûr suscité des remous. Au RJC (Responsible Jewellery Council), organisation qui promeut les pratiques responsables et octroie des certifications, l’absence de mesures à l’égard des sociétés russes a conduit plusieurs de ses membres à démissionner. Ainsi de Richemont (propriétaire notamment de Cartier et Van Cleef & Arpels) et du groupe suédois Pandora. Par ailleurs, certaines grandes maisons, telles Tiffany et Chopard, ont annoncé le boycott des diamants russes. Reste que pour beaucoup de professionnels, qu’ils soient négociants, grossistes ou détaillants, les achats de diamants se font à Bombay, Anvers ou tout simplement auprès de grossistes dans leur pays. Or, à ce moment- là, les pierres, quelle que soit leur provenance, ont déjà été largement mélangées et il est impossible d’en reconnaître l’origine.

Et inquiétudes sur l’approvisionnement

Mais derrière tous ces questionnements éthiques, les professionnels s’inquiètent surtout des possibles problèmes d’approvisionnement. Car la Russie, nous l’avons dit, est le premier producteur de diamants avec une belle qualité de gemmes. Or si le conflit perdure ou si les sanctions se renforcent, l’offre de brut risque fort de se réduire suscitant dans la foulée une flambée des prix. De quoi préoccuper les professionnels sachant que les prix du brut ont déjà sensiblement grimpé depuis fin 2021. En France, où les taux de change dollar–euro ont joué négativement, des hausses tarifaires de 40 % sont évoquées sur les six derniers mois.

En aval, pour l’heure, l’attentisme prévaut : la filière observe et parvient à contenir ses prix. Mais jusqu’à quand ? Porteuse de bien des incertitudes, on le voit, la situation interroge sur des possibles évolutions de fonds. Alors que l’industrie diamantaire pourrait être incitée à aller plus loin dans ses efforts pour suivre et tracer les diamants, les problématiques qui touchent les diamants naturels pourraient profiter aux diamants de synthèse. Désireuses d’apaiser les esprits, et notamment celui des consommateurs, les marques, elles, sont plus que jamais tentées d’axer leur communication sur la beauté de leurs bijoux et la part de rêve qu’ils véhiculent. C.N.