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C’est ce que voudraient pouvoir dire nombre de clients qui après un périple épuisant trouve enfin une boutique où il y a un horloger réparateur compétent. Le métier commence à manquer de professionnels et pourtant le travail ne manque pas. Comment expliquer le paradoxe ? Une journée chez Laurent Guigo à Landivisiau nous fait découvrir la réalité du métier d’horloger-bijoutier aujourd’hui.

L’Officiel Horlogerie & Bijouterie : Laurent, vous avez deux boutiques et dans chacune d’elles, il y a un horloger diplômé, quel est leur quotidien ?
Laurent Guigo :
Regardez par vous-même le programme de cette semaine. Changements de pile, mise à taille de bagues, petite chaîne en or à souder, gravure, nettoyage d’une montre de marque, voilà le quotidien. S’y ajoutent les imprévus, comme ce « petit sac » que vous voyez là. Ce sont des Parisiens qui chaque année nous apportent l’ensemble des travaux à réaliser sur leur montres et bijoux et pour lesquels ils ne trouvent pas de réparateur à Paris qui accepte de le faire à des prix et délais raisonnables. Tout ceci sera fait dans la semaine, par contre, ces montres ici, dont les pannes restent à déterminer, cette horloge comtoise à restaurer,… ne pourront être réparées que dans un délai beaucoup plus long.

L’OHB : On dirait un inventaire à la Prévert. Comment expliquez-vous ce paradoxe entre l’abondance du travail et les faibles capacités du secteur à réparer ?
L. Guigo :
Aujourd’hui beaucoup d’enseignes vendent bijoux et montres sans être horloger, ni ne possèdent de matériel de réparation. Quand le client a besoin d’une réparation de montre, gravure ou soudure, il faut envoyer la pièce à une station technique, cela prend de quinze jours à un mois, plus les frais d’envoi, le prix de l’intervention est vite conséquent, pour ne pas dire prohibitif. Regardez cette montre dont la trotteuse est partie, elle a été achetée 90 € dans une grande enseigne. Deux jours après, la cliente est retournée sur le lieu d’achat où, avant toute intervention, on lui a demande 50 € rien que pour le devis. Et que dire de certaines grandes marques où le prix du SAV est si élevé,même pour un simple changement de pile que les clients se résignent à ne pas faire réparer si nous ne leur trouvons pas de solution plus économique. Voilà les clients qui arrivent aujourd’hui dans les boutiques où il y a un vrai horloger. Seulement comme il n’y a plus guère d’horlogers, celui en place est débordé de demandes et les délais de réparation s’allongent.

L’OHB : Vous voulez dire que toute bijouterie qui vend des montres devrait avoir un horloger diplômé ?
L. Guigo :
Exactement, chaque magasin devrait avoir un horloger ayant un minimum de compétences pour assurer un SAV sur place. Cela éviterait de dire à un client que sa montre n’est pas réparable quand ce n’est pas le cas, ou que le prix de la réparation est si élevé que ça n’en vaut pas la peine. Aussi, pour prévenir que ce même client n’ait à faire le tour de sa ville pour trouver un réparateur local qui fera la réparation à un prix correct mais sous un certain délai. Je trouve inadmissible que ce soit le client qui fasse les frais de la pénurie d’horlogers locaux au prétexte que n’importe qui peut s’installer bijoutier-horloger sans diplôme, ni service SAV sur place. En outre, quand un client fait une mauvaise expérience, cela ne l’encourage pas à acheter de beaux produits s’il n’est pas certain de pouvoir assurer rapidement son entretien à un coût normal.

L’OHB : C’est dommage de manquer d’horlogers alors qu’il y a tant de travail et que cette pénurie de professionnels est reconnue ? Comment trouver de nouvelles motivations pour que ce métier redevienne une voie d’avenir attrayante ?
L. Guigo :
C’est une bonne question dont la réponse ne peut pas venir des bijoutiers mais de la profession toute entière. Mais pour continuer à rendre un vrai service à nos clients ce serait bien de garder l’envie de faire ce beau métier d’horloger, qui a beaucoup changé ces dernières années.

Bijouteries Laurent Guigo : 02 98 84 21 49 à Saint Renan 02 98 68 47 06 à Landivisiau